Vers une stratégie nationale de l’IA avec
IDIA-UVS
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Présentation
Intelligence artificielle
La « quatrième révolution industrielle » implique d’accorder une grande attention aux STEM, et particulièrement à l’intelligence artificielle (IA). Contrairement aux idées reçues, l’Afrique dispose de réels atouts pour le développement de l’IA, et peut occuper une place dans les débats (technologiques, éthiques, etc.) autour de l’IA. L’engagement des Etats dans l’élaboration de stratégies nationales d’IA en constitue cependant un préalable.
Ce projet de recherche vise à analyser les déterminants qui, dans le contexte sénégalais, favorisent la réussite de la mise en place d’une stratégie nationale d’IA. Sur le plan méthodologique, la recherche s’appuiera sur (i) un partenariat avec toutes les parties prenantes, (ii) l’interdisciplinarité (l’IA sera ainsi analysée sous les angles technologique, juridique, socio économique, académique, etc.), (iii) la prise en compte de la sexospécificité, (iv) la promotion d’une IA responsable, et à cet effet, un essai d’intégration dans les cadres de gouvernance de l’IA des normes, de l’éthique, et de valeurs africaines.
Le projet de recherche donnera lieu à trois étapes principales : une analyse comparative internationale, un diagnostic du potentiel national de l’IA, la formulation (au travers diverses analyses) d’une proposition de démarche de mise en place d’une stratégie d’IA. La présente recherche permettra non seulement d’obtenir des résultats (sur le plan scientifique, du point de vue des politiques publiques et de la prise de décision, sur le plan institutionnel), mais aussi de positionner l’UVS (d’où sont issus la plupart des membres de l’équipe, porteur du projet) comme un centre de recherche de référence en matière d’IA.
DESCRIPTION DE L’APPROCHE, DE LA MÉTHODOLOGIE ET DU PLAN DE TRAVAIL
PROBLEMES DE RECHERCHE
Selon la définition classique qu’en donnent Howlett et Ramesh (1995) une politique publique est « un ensemble de décisions reliées entre elles, prises par un acteur ou un groupe d’acteurs, avec pour caractéristique fondamentale de définir
PROBLEMES DE RECHERCHE
L’objet de notre projet de recherche est d'analyser les déterminants qui favorisent la mise en place réussie d’une politique publique, en l'occurrence une stratégie nationale en matière d’Intelligence artificielle dans le contexte sénégalais. Sans vouloir s’engager ici dans l’élaboration d’une stratégie nationale de l’IA, les résultats de notre projet de recherche serviront à donner aux pouvoirs politiques quelques axes stratégiques à considérer pour que le Sénégal puisse profiter pleinement des avantages de l’intelligence artificielle à hauteur de son potentiel, tout en se préservant de ses inconvénients. L'IA présente en effet, des atouts uniques pour le Sénégal qui dispose d’un grand potentiel qui lui permettrait de tirer profit de l’IA au niveau national et au niveau international. Le Sénégal est caractérisé par une population jeune qui se tourne de plus en plus vers le numérique et dispose, par ailleurs, de ressources humaines qualifiées qui seraient capables de transférer les compétences de base que le Machine Learning utilise.
Par ailleurs, la connectivité est relativement bonne, par rapport aux autres pays africains. Le recours à l’IA permettrait ainsi de contribuer largement à l’atteinte des objectifs du programme d’émergence mis en place par l’Etat du Sénégal. Les nouvelles technologies offrent également d’excellentes opportunités du point de vue de l’inclusion des groupes vulnérables. Les innovations dans le domaine de l’IA peuvent non seulement faire reculer l’exclusion numérique mais aussi participer à l’inclusion sociale au sens large. Ainsi, d’un point de vue matériel, il s’agit à travers cette recherche de saisir d’une part, tout le potentiel du Sénégal en termes de positionnement, d’appropriation et d’exploitation de l’IA et d’autre part, d’identifier les prérequis nécessaires (méthodologie, axes prioritaires, éléments de la stratégie, objectifs normatifs) à l’élaboration d’une stratégie nationale. L’analyse de ce dernier sera orientée sur la pertinence de son ancrage institutionnel, la définition des groupes cibles et leurs rôles dans la réalisation de la politique publique, les moyens à mettre à disposition et les principes de l’organisation administrative de la mise en œuvre. Notre projet de recherche se veut ainsi un travail préparatoire destiné à faciliter l’élaboration d’une stratégie nationale en matière d’IA qui nécessite pour ce faire, une réelle appropriation et une volonté politique. L’étude s’inscrit dans la perspective des premiers analystes politiques (Lerner et Lasswell, 1951) qui se donnaient pour objectif d’aider les décideurs à faire les « bons choix politiques », à atteindre les objectifs fixés et à optimiser l’utilisation des ressources publiques.
QUESTIONS DE RECHERCHE
QUESTIONS DE RECHERCHE
● au plan technique et technologique
les infrastructures disponibles ;
les technologies mobilisables (Blockchain, IoT, Big Data, etc.) ;
la politique de la donnée ;
la sécurité des infrastructures (cybersécurité).
● au plan juridique
les mécanismes d’encadrement juridique de l’IA par l’Etat ;
les techniques de régulation de l’IA par les entreprises (fabricant, distributeur, etc.) ; l’auto-régulation dans le secteur de l’IA ;
la protection des données personnelles ;
les pratiques informelles normatives (les usagers surtout).
● au plan socio-économique
l’exploitation des potentialités économiques de l’IA ;
l’analyse de la mobilité du facteur humain, l’incidence éventuelle sur le chômage et la résilience du milieu socio-professionnel ;
l’incidence de l’IA sur le capital humain (facteur de développement et non source d’inégalité) ;
la dimension genre, sexospécificité ;
la promotion d’une IA responsable.
● au plan académique
les besoins en formation pour les étudiants ;
les besoins en formation pour le marché de l’emploi ;
les besoins en formation continue pour le secteur public ;
les axes de recherche en IA responsable dédiée au développement.
La complémentarité des champs de recherche dans le projet incite à développer des synergies entre les questions spécifiques. A ce titre, le choix des trois questions d’intérêt prioritaire permet de recentrer la recherche autour de concepts tels que l’inclusion, les usages et l’IA responsable.
Questions liées au choix des éléments de la stratégie nationale
Les questions de recherche sur les éléments de la stratégie visent à identifier les points essentiels autour desquels sera déclinée la future stratégie nationale sur l’IA, il s’agit notamment :
● de la vision du Sénégal sur l’IA ;
● des axes prioritaires (dans le cadre du projet par exemple : formation-recherche, usage et impacts socio-économiques, infrastructures et plateformes IA, régulations et éthique de l’IA) ;
● des résultats ;
● des indicateurs de performance (stratégiques et opérationnels) ;
● du mode de gouvernance de l’IA au Sénégal (rôles et responsabilités des acteurs) ;
● de la politique nationale de données (principes, infrastructures, capacités, usages, etc.) ; ● de la prise en compte de l’éthique et de la responsabilité dans le développement de l’IA ;
Questions liées à l'impact d’une stratégie nationale sur les domaines prioritaires identifiés
Quel est le réel potentiel du Sénégal en matière d’IA ?
Quel positionnement pour le Sénégal dans le développement de l’IA ?
Quelles sont les politiques publiques prioritaires ?
HYPOTHESES DE RECHERCHE
HYPOTHESES DE RECHERCHE
2- les répercussions économiques, mouvements de la main-d’œuvre, inégalité et chômage technologique ;
3- les capacités de données, leur analyse, leur protection et leur gouvernance.
La disponibilité de ressources humaines suffisamment bien formées pour comprendre les enjeux et maîtriser l’usage de ces nouvelles technologies est un impératif lorsque l’on veut exploiter pleinement l’IA. L’atteinte d’un tel objectif est fortement tributaire de l’offre de formation dans les établissements d’enseignement supérieur et la production de recherches pointues articulées autour des axes de développement et des besoins des entreprises locales. Une telle politique permet au pays de disposer de suffisamment de ressources pour impacter différents secteurs d’activités pour lesquels l’apport de l’IA serait bénéfique mais aussi, pour impulser des processus d’innovation nécessaires à la création de valeur, gage de développement économique. En effet, le renforcement des capacités de recherche est un point critique à considérer, avec un accent particulier sur l’ouverture vers les entreprises pour que les résultats de la recherche soient transformés en valeur ajoutée réelle pour l’économie du pays et pour le bien-être des populations. Les demandes pour accroître la recherche appliquée, en relation avec les projets de développement économique, sont très prononcées, sans négliger pour autant une recherche fondamentale qui prépare à long terme les innovations technologiques. Toutefois, pour assurer une utilisation bénéfique pour tous de l’IA, il faudra privilégier et renforcer les recherches en IA responsable. La seconde hypothèse est relative à la disponibilité d’infrastructures technologiques et des plateformes d’application d’IA pour répondre à plusieurs défis. D’abord, dans l’exercice pratique, l’utilisation de l’IA nécessite des dispositifs technologiques tels que des Datacenter et supercalculateurs pour permettre de modéliser des connaissances générales sur un problème à partir d’observations particulières. Un tel exercice nécessite par ailleurs le développement de systèmes d’IA et des algorithmes spécifiques répondant aux problématiques locales. Il est donc fondamental de disposer de systèmes adaptés aux besoins de son contexte, d’une quantité de données importantes pour un apprentissage efficace, et des ordinateurs suffisamment puissants pour prendre en charge ces données afin de faire des prédictions importantes. L’Etat du Sénégal a acquis un supercalculateur d’une puissance crête de 537,6 TFlops, avec une capacité mémoire distribuée de 1,2 PB et 8064 nœuds de calcul. Cette infrastructure de calcul, qui occupe le troisième rang en Afrique, en termes de puissance de calcul pour un dispositif public, après le Maroc et l’Afrique du Sud, permet au Sénégal de disposer d’un outil performant pouvant accompagner le développement de l’intelligence artificielle. L’écosystème des chercheurs et des entreprises s’intéressant à l’IA pourront ainsi accéder à cet outil pour pouvoir lancer leurs travaux dans le cadre d’une stratégie cohérente et globale. Ensuite, sur le plan géopolitique, les données se présentent de plus en plus comme un enjeu majeur en termes de sécurité et de création de valeur. L’existence d’un dispositif technologique hautement sécurisé pour les données et les plateformes, renforce la capacité du pays dans ce domaine, et est un impératif pour assurer leur bonne gouvernance, leur analyse et leur protection.
Le troisième élément à prendre en compte relève de l’existence de mécanismes de réglementation et de régulation suffisamment adaptés. L’IA est une opportunité majeure pour répondre à plusieurs défis qui se présentent dans le contexte actuel. Cependant, elle est également une menace non négligeable pour tous les États en termes de cyber-attaques, de manipulations, d'espionnage, de discriminations etc. Pour prévenir un mauvais usage de l’IA, il est impératif de disposer d’un cadre institutionnel, de gouvernance, juridique et éthique à même de favoriser un développement éthique de systèmes d’IA ainsi que des recherches et des usages responsables. Le Sénégal s’est doté depuis une dizaine d’années d’un corpus de textes qui régit le cadre législatif et réglementaire relatif au numérique. Plusieurs lois ont été votées et promulguées afin de répondre d’une part, aux enjeux stratégiques liés au développement du numérique, et d’autre part, au besoin d’encadrement qu’imposent notamment les traitements de données à caractère personnel liés à l’usage des technologies et des innovations nouvelles. Au niveau communautaire et régional également, il existe différents instruments juridiques supranationaux auxquels le Sénégal a adhéré ou est soumis. Ces instruments poursuivent un objectif d’harmonisation du cadre juridique applicable au numérique dans les différents Etats membres avec des impacts qui transcendent les frontières nationales. Il en est ainsi de la Convention de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données adoptée par l’Union Africaine en 2014. Bien que cette convention ne soit pas encore entrée en vigueur, le Sénégal fait partie des pays l’ayant déjà ratifié. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peut également être citée en raison notamment de l’existence des actes additionnels adoptés en 2010 relatifs respectivement, aux transactions électroniques et à la protection des données à caractère personnel ainsi que de la Directive portant lutte contre la cybercriminalité adoptée en 2011. Au regard de cet arsenal juridique, le Sénégal dispose d’une base importante de réglementation du numérique. Cependant, la plupart de ces textes mériteraient d’être révisés et actualisés au gré des avancées technologiques, notamment dans le contexte actuel de développement de l’IA. Le numérique est, en effet, un secteur en évolution permanente rendant ainsi très rapidement inadapté, voire obsolète, un cadre réglementaire rigide ou daté. En outre, avec le développement de l’IA, il est primordial, au-delà des problématiques spécifiques liées à la protection des données à caractère personnel, d’encadrer de manière efficace, la gouvernance des données de manière générale. Au-delà de ces questions liées à la protection des individus et des biens, un tel cadre doit également prendre en charge les problématiques sociétales relatives à l’inclusion afin de lutter contre toute forme de discriminations et de prendre en compte la sexospécificité. En effet, avec la massification des données, celles-ci peuvent présenter un caractère d’intérêt général en faisant avancer la recherche et l’innovation dans différents secteurs (la santé, l’éducation ou encore l’agriculture) ainsi que le développement économique du pays. Dès lors, et pour favoriser notamment des usages éthiques et responsables de la donnée, un cadre juridique permettant de garantir la confiance dans ces technologies émergentes est indispensable.
La dernière hypothèse qui interpelle les États qui souhaitent utiliser pleinement le potentiel de l’IA concerne l’usage des technologies. Cette question interpelle aussi bien le secteur public, le secteur privé ou tout citoyen intervenant comme usager ou bénéficiaire de services. Il est essentiel de bien identifier les secteurs d’activités pour lesquels l’usage de l’IA pourrait être des leviers importants pour un développement national. La disposition de ressources humaines, des infrastructures technologiques et de la réglementation n’a de sens que si les acteurs sont résolus à se l’approprier en vue de changer de paradigme. L’IA pour le développement est une nouvelle approche qui altère des modes de fonctionnement et des pratiques caractérisés par une certaine stabilité. En effet, l’IA appelle à un changement de pratiques car une grande partie des tâches habituellement effectuée par des humains sont reléguées aux machines. Il n’est donc pas toujours évident de faire confiance aux systèmes d’IA, notamment lorsqu’il s’agit de tâches critiques. L’appropriation par les usagers est un impératif pour le développement de l’IA et nécessite pour ce faire un accompagnement au changement notamment par un renforcement des capacités, un bon encadrement réglementaire, une communication stratégique et des mesures incitatives. Par ailleurs, il faudrait veiller à ce que tous les citoyens puissent avoir accès à cette technologie et garantir un usage bienveillant de l’IA.
CADRE METHODOLOGIQUE GENERAL
La conduite du processus de recherche sera soumise aux quatre principes suivants :
CADRE METHODOLOGIQUE GENERAL
La collaboration est une condition sine qua non d’une véritable recherche appliquée. En 2015, seulement 8,7% des entreprises du Sénégal ont entretenu des relations avec les centres de recherche selon une enquête de l’Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie (ANSD) ; et parmi ces entreprises plus de la moitié (52,3%) utilisent leurs résultats de recherche. Le projet compte rompre avec cette bipolarité par la mise en place d’un cadre de collaboration tripartite qui va permettre une convergence des intérêts entre universitaires, acteurs gouvernementaux et acteurs économiques. Un tel cadre permettrait une appropriation des conclusions par les acteurs publics pour améliorer la définition et la mise en œuvre des politiques relatives à l’IA, et in fine accroître leur impact sur les plans scientifique, socio économique, etc. Les données et les résultats issus de ce projet de recherche seront mis à disposition de la communauté pour que les startups, les étudiants et les chercheurs puissent construire des solutions à valeur ajoutée à partir des algorithmes d’IA mis à leur disposition. Le dispositif qui sera mis en place dans le cadre du projet pour renforcer les partenariats entre le public et le privé constituera en même temps un mécanisme de mise en réseau. Dans le domaine de l’IA, les événements de mise en réseau sont des opportunités importantes pour le partage des connaissances et la collaboration. Ces événement aident en effet les personnes travaillant dans ce domaine de l’IA à partager leurs compétences, à nouer des liens, à développer des opportunités commerciales, toutes choses qui sont particulièrement importantes à au niveau local.
Par ailleurs, l'objectif à long terme étant de promouvoir la mise en place d’une stratégie nationale de l’IA efficace, la bonne compréhension par toutes les parties prenantes des enjeux, des défis et des opportunités sera une question fondamentale. A cet effet, pour que les prises de décision sur les questions liées à l’IA puissent être éclairées, pour qu’elles favorisent une IA responsable, il sera important que les décideurs (politiques, économiques, etc.) puissent trouver et exploiter des recherches objectives et de haute qualité sur l’IA. Pour ce faire, le projet veillera également à rendre disponible auprès de ces décideurs (publics et privés), et selon des formats appropriés, les résultats de recherche. Pour atteindre un tel objectif, il est prévu durant tout le processus de publier des policy briefs destinés non seulement à accompagner les décideurs dans leurs prises de décisions, mais aussi à les accompagner à mieux anticiper les évolutions attendues de l’IA (technologies, usages, etc). Enfin, à l'issue des travaux, un séminaire sera organisé avec l’ensemble des acteurs stratégiques pour un large partage des résultats, ce qui pourrait s’avérer utile du point de vue des étapes à venir, et notamment en ce qui concerne la conception, la mise en oeuvre et le suivi de la mise œuvre de la future stratégie nationale d’IA.
3.4.1.2 Interdisciplinarité et ouvertureEn matière de recherche, un défi majeur auquel sont confrontés les universités et les chercheurs africains consiste à sortir du cloisonnement spatial et disciplinaire. A cet effet, l’équipe projet compte dérouler un plan de recherche qui favorise le dialogue permanent entre les acteurs, et cela à travers notamment l’interdisciplinarité et l’ouverture.
L’équipe qui sera mobilisée dans le cadre du projet de recherche sera composée de spécialistes provenant de toutes les disciplines (IA, mathématiques, informatique, droit, science politique, sociologie, économie, etc.), et qui ont pour la plupart une expérience avérée dans l’élaboration ou l’évaluation des politiques publiques. L’interdisciplinarité sur laquelle est fondée cette équipe de recherche permettra l’interpénétration des savoirs et des méthodes entre les sciences dites dures et les sciences humaines et sociales. En matière d’IA, le caractère interdisciplinaire des équipes de recherche est fondamental puisque l’innovation ou l’impact ne sont pas seulement technologiques, ils sont également humains, sociaux et organisationnels. Les innovations en intelligence artificielle sont en effet un vecteur important du développement technologique ou économique, et à ce titre, elles peuvent contribuer significativement à l’amélioration des conditions de vie aujourd’hui et pour les générations futures. Néanmoins, leur impact soulève également des enjeux majeurs, en matière d’emploi, de santé, d’éducation, de sécurité, de démocratie, de justice ou encore d’éthique. Ces enjeux traversent les frontières disciplinaires, et dès lors nécessitent une réflexion et des actions pour lesquelles toute la communauté de recherche est appelée à jouer un rôle clé. Cette interaction entre des spécialistes issus de champs disciplinaires différents permettra par exemple d'examiner l'éthique de l'IA ainsi que toutes les autres questions liées aux politiques publiques. l'enseignement supérieur en Afrique de l'Ouest (REESAO), le Réseau EDP Modélisation et Contrôle (REDPMC), l’Unité Mixte Internationale de Modélisation Mathématique et Informatique des Systèmes Complexes de l’IRD (UMMISCO), le Laboratoire international de recherche en informatique et mathématiques appliquées (LIRIMA), l’African Council for Distance Education (ACDE), etc.). Afin de s’ouvrir au monde, l’équipe de recherche renforcera également son intégration dans les réseaux scientifiques internationaux, ce qui lui permettra également de collaborer avec les experts les plus renommés en IA, y compris ceux issus de la diaspora africaine : par exemple, Moustapha Cissé (Ghana, Google), Adji Bousso Dieng (USA, Princeton), Ousmane Dia (USA, Facebook), etc. Enfin, le projet fera la promotion de la recherche ouverte, et à cet effet, s’ouvrira à des personnes ayant de l’expérience dans d’autres domaines que le monde universitaire et scientifique (décideurs publics, chefs d’entreprises, startupper, etc.). Les exemples étrangers (États-Unis, etc.) montrent clairement qu’un environnement favorable à des recherches innovantes passe par une telle implication dans la recherche de professionnels non issus du secteur académique.
3.4.1.3 Prise en compte du genre et de la sexospécificitéDans le monde, et plus particulièrement encore en Afrique, plusieurs groupes de personnes (handicapés, personnes âgées, ruraux, enfants, femmes, etc.) sont davantage menacés par la pauvreté et l'exclusion sociale que la population en général. Les besoins spécifiques de ces groupes sont moins bien pris en charge, et de ce fait, leurs membres se retrouvent plus souvent sans qualification et sans emploi, et sont dès lors exclus de la société. L'inclusion de ces groupes vulnérables est un important défi auquel font face les Etats africains, d’où sa prise en charge dans différents documents nationaux (cf. plans nationaux de développement), régionaux (Charte africaine des droits de l’homme et des peuples) et internationaux (Objectifs de Développement Durable).
L’intelligence artificielle étant une révolution scientifique, technique, culturelle, économique et sociale, elle bouleverse nos vies et nos sociétés. Parce qu’elle est créée par l’intelligence humaine, l’IA a cependant tendance à reproduire les inégalités existantes entre les femmes et les hommes, d’où la nécessité, dans les études portant sur l’IA, de développer une analyse de la sexospécificité, c’est-à-dire explorant les différences entre et parmi les hommes, les femmes et les personnes de divers genres.
Notre projet de recherche développera une approche sexospécifique, car il visera également à éclairer les liens entre l’IA et le genre, à identifier et à analyser les effets positifs et négatifs potentiels de l’IA sur les femmes et les hommes, à avoir une meilleure compréhension de la mesure dans laquelle l’IA transforme progressivement les relations de pouvoir sexospécifiques (dans le sens d’exacerber ou de réduire les inégalités), à évaluer la capacité des organisations (publiques ou privées) de prendre en compte les questions de genre liées à l’IA, à faire des recommandations visant à mieux prendre en compte du point de vue de l’IA les questions sexospécifiques. Les stratégies d’intégration de la sexospécificité dans notre projet de recherche comprendront notamment (i) l’utilisation d’un cadre d’analyse sexospécifique, (ii) l’intégration de l’analyse sexospécifique dans les processus de collecte et de traitement de données (désagrégation des données par sexe et autres mesures de stratification sociale, etc.), (iii) l’intégration de l’analyse sexospécifique dans les outputs (résultats, recommandations, etc.) de la recherche.
Du point de vue de l’IA, une telle analyse de la sexospécificité s’avère fondamentale, dans la mesure notamment où les applications de l’IA sont développées et déployées dans un contexte reflétant des inégalités liées au genre (sous-représentation des femmes dans le secteur de l’IA, domination masculine dans son développement, etc.) et par conséquent susceptibles d’une part de favoriser des programmes d'IA et des systèmes de prise de décision comportant des biais humains (discriminations à l’égard des femmes par les algorithmes et les données , prédominance du genre masculin dans les bases de données , conception d'applications susceptibles de reproduire et d'exacerber les problèmes des sociétés inégalitaires, etc.), et d’autre part d’entrainer une discrimination et une marginalisation supplémentaires. Il s’y ajoute certains effets potentiellement négatifs de l'automatisation de l'IA du point de vue des femmes : le Forum économique mondial (WEF), par exemple, estime qu’une bonne partie des millions d’emplois qui seront absorbés par l’IA et la robotique devraient être perdus dans les centres d'appels, qui ont servi de tremplin économique important pour les femmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les pays à revenu faible et intermédiaire étant souvent négligés dans les discussions actuelles sur l'IA, il est par ailleurs essentiel d’approfondir les recherches sur les impacts sociaux, économiques et politiques de l'IA. Il est essentiel de comprendre les implications de l'IA pour l'égalité numérique ou technologique afin de s'assurer que tout le monde (y compris les gouvernements, les entreprises, la société civile et les citoyens ordinaires) est en mesure de tirer parti des avantages potentiels de l'IA pour la société, tout en minimisant ses inconvénients, y compris sa capacité à exacerber les inégalités existantes
En définitive, notre projet de recherche s’inscrit dans l’optique de promouvoir une stratégie de l’IA qui promeut une intelligence artificielle égalitaire entre les femmes et les hommes, c’est à-dire consistant (i) à éviter la reproduction des inégalités femmes-hommes par l’intelligence artificielle, (ii) à faire de l’IA un moteur de l’égalité entre les femmes et les hommes, (iii) à participer au plaidoyer auprès de tous les acteurs et toutes les actrices de l’IA pour une IA responsable, non sexiste et éthique. Le Pacte pour une intelligence artificielle égalitaire entre les femmes et les hommes sera pris en compte à toutes les étapes de la mise en œuvre du projet de recherche. Ce pacte vise plus particulièrement à (i) agir sur les données et sur les algorithmes pour une IA aux résultats non sexistes (développement de bases de données égalitaires, conception et développement d’algorithmes égalitaires), (ii) créer un environnement éthique favorable au développement d’une IA égalitaire, (iii) nommer autant de femmes que d’hommes dans l’IA, à tous les niveaux et dans tous les métiers (lutte contre les stéréotypes de sexe qui empêchent les femmes de choisir et d’accéder aux métiers de l’IA et du numérique, création d’un climat général qui incite les femmes à rester dans les métiers de l’IA et du numérique), (iv) mobiliser toutes et tous pour une culture de l’IA non sexiste et non discriminante.
3.4.1.4 Prise en compte des considérations éthiquesLa plupart des analystes estiment que l’IA aura un effet majeur sur l’économie et la société. Si cet impact peut sembler similaire à celui posé par les innovations technologiques précédentes, l'ampleur de la technologie de l'IA amplifie l'impact potentiel : une étude de McKinsey suggère que l'IA pourrait transformer la société « dix fois plus vite et à une échelle 300 fois supérieure, soit environ 3000 fois l'impact » de la révolution industrielle.
Cette puissance d’impact de l’IA nécessite de développer une réflexion approfondie sur les aspects éthiques et déontologiques des applications de l’IA, et notamment sur leurs effets potentiellement néfastes sur les humains et les sociétés. Les objectifs d’une telle réflexion, comme suggéré par la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle doivent être triples : (i) inciter à l’élaboration d’un cadre éthique pour le développement et le déploiement de l’IA, (ii) orienter la transition numérique afin que tous puissent bénéficier de cette révolution technologique que constitue l’IA, (iii) ouvrir des espaces de dialogue (aux plans national, régional et international) pour réussir collectivement un développement inclusif, équitable et écologiquement soutenable de l’IA.
Ce projet de recherche visera également d’apporter une contribution significative à l’amélioration tant de la qualité de la réflexion sur l’IA responsable que des arbitrages collectifs sur les controverses éthiques et sociétales sur l’IA. Afin de renforcer la légitimité ou la pertinence des analyses ou des propositions pour une IA responsable issues du projet de recherche, une triple approche sera privilégiée.
Premièrement, la réflexion sera inclusive, et y seront donc associées toutes les parties prenantes (citoyens, experts, responsables publics, industriels, organisations de la société civile, ordres professionnels, etc.). En impliquant des acteurs aussi divers, la réflexion sera fondée sur la co construction, et ses résultats n’en seront donc que plus légitimes.
Deuxièmement, dans le cadre de ce projet de recherche, la réflexion qui sera développée sur l’éthique de l’IA ou sur l’IA responsable sera fondée sur les bases ou les principes de l’éthique africaine, dont Ubuntu est l’une des expressions les plus intéressantes. Il ne pourra y avoir de véritable éthique globale aussi longtemps que le riche héritage ancestral de l’Afrique noire en matière d’éthique ne sera pas pris en compte. Il s’agit là d’une exigence fondamentale, non seulement pour être complet d’un simple point de vue géographique (et ne pas donc se limiter à une approche européocentrique), mais, plus essentiellement encore, pour atteindre la profondeur éthique nécessaire. Depuis de nombreuses années, l’éthique africaine est marginalisée dans le discours éthique dominant, alors même que l’Ubuntu a pris naissance dans des sociétés africaines séculaires. Il sera donc intéressant d’étudier la façon dont l’Ubuntu, et bien d’autres valeurs ou principes éthiques issus du continent africain, pourraient contribuer à éclairer les discussions autour de l’éthique de l’IA ou de l’IA responsable. Ce faisant, il sera également possible de produire une réflexion qui épousera, à bien des égards, le langage de l’avenir que souhaitent les Africains : dans celui-ci, la technologie occupe certes une place de choix, mais jamais l’on n’oublie que « toute technique est culture et chaque objet technologique un précipité de valeurs »
Troisièmement, l’analyse des questions éthiques ou liées à l’IA responsable sera contextualisée, pour prendre en charge les questions qui se posent spécifiquement à l’Afrique. Une de ces questions résulte notamment des conséquences de l’IA sur la diversité culturelle : les locuteurs des langues africaines pourraient par exemple être laissés pour compte dans le contexte du développement de capacités de l’IA en termes de speech-to-text et de traduction. Plus généralement, du point de vue du numérique, la plupart des pays africains se sont surtout concentrés sur l’infrastructure, plutôt que sur les contenus, et de ce fait, ils n’ont aucune politique concernant l’utilisation des langues locales en ligne ou la production de données numérisées dans les langues locales.
En définitive, notre projet de recherche visera à faire en sorte qu’une voix africaine soit entendue dans les réflexions et les arbitrages mondiaux sur l’IA responsable. Afin que les systèmes d’intelligence artificielle soient justes, transparents, responsables et compréhensibles, les discussions doivent en effet être mondiales, et à cette fin, toutes les sensibilités doivent s’exprimer et être entendues. C’est d’ailleurs à cela qu’invite la Résolution 473 de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), qui conclut à « la nécessité d’élaborer une étude sur les droits de l’homme et des peuples et l’intelligence artificielle (IA), la robotique et d’autres technologies nouvelles et émergentes en Afrique ».
3.4.2 Étapes de mise en œuvre du projet de recherche
3.4.2.1 Analyse comparative internationaleLa première étape de l’étude consiste à analyser les différentes stratégies élaborées ou en cours d’élaboration dans le monde ainsi que les processus qui ont conduit à cette élaboration. Plusieurs pays à travers le monde ont pris conscience de l’importance de l’intelligence artificielle et de la nécessité absolue de la maîtriser, voire d’y être un leader au niveau mondial. Les pays pionniers sont le Canada, la Chine, les Émirats Arabes Unis, la Finlande, le Japon en 2017. Ils sont rapidement suivis en 2018 par l’Allemagne, l’Angleterre, la France, l’Inde, le Mexique, la Nouvelle Zélande, la Suède. Des stratégies supranationales ont été élaborées notamment par l'UE, les Nations Unies, la Région Nord-Baltique, etc. En Afrique, pour le moment seul le Kenya a une stratégie nationale pour l’IA, et celles de l’Afrique du Sud, de l’Algérie et de la Tunisie sont en cours d’élaboration. Une étude comparative de ces différentes stratégies sera fondamentale pour nous permettre de mieux saisir les axes prioritaires et les écueils à éviter dans un processus d’élaboration d’une stratégie d’IA. Outre l’étude de ces différents documents, deux équipes feront un séjour au Canada et en Afrique du Sud pour un benchmarking plus approfondi. Le choix du Canada s’explique par le fait qu’il soit pionnier dans la définition d’une stratégie de l’IA et qu’il dispose d’un cadre qui facilite une collaboration tripartite entre le gouvernement, les universitaires et le secteur privé. Comprendre le processus établi, notamment en termes d’approche inclusive et orientée vers les besoins nationaux, sera un impératif pour les recommandations qui seront faites dans le cadre de cette étude. Le choix de l’Afrique permet, quant à lui, de porter un regard plus spécifique sur le contexte africain pour mieux déceler les dynamiques endogènes à prendre en compte dans l’élaboration d’une politique en contexte africain.
En ce qui concerne par exemple le Sénégal, à ce jour, aucun site web gouvernemental d’origine n’est disponible dans des langues autres que la langue officielle (français). Une telle disponibilité́ du site gouvernemental en langue nationale n’est certainement pas encore considérée comme une priorité́ puisque le pourcentage de la population alphabétisée dans chacune des principales langues nationales s’élève à seulement 18.2% pour les hommes et à 8,1% pour les femmes (cf. UNESCO, Évaluation du Développement de l’Internet au Sénégal, p. 97. URL : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000374740). Cette résolution a été adoptée lors de la 31e Session Extraordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, tenue virtuellement du 19 au 25 février 2021. Elle s’appuie par ailleurs sur l’Article 4 de la Charte africaine et des peuples faisant observer que « toute autonomie laissée à la machine pour choisir des cibles humaines ou le recours à la force devrait être subordonnée à un contrôle humain effectif ». Cette résolution insiste également sur « la nécessité d'une prise en considération suffisante des normes, de l’éthique, des valeurs africaines dans la création de cadres de gouvernance de l’intelligence artificielle ».
3.4.2.2 Diagnostic du potentiel national du point de vue de l’IALa deuxième étape de cette recherche est d'analyser tout le potentiel du Sénégal par rapport au développement d’une stratégie en matière d’IA. Cette étape consiste à identifier les atouts du Sénégal sur lesquels le pays peut capitaliser pour développer l’IA. Cette étude sera effectuée sur la base d’un recueil de sources primaires, l’entretien avec les acteurs stratégiques et l’observation directe. Le recueil de sources primaires permet d’analyser les politiques se rapportant au numérique, les documents de politiques stratégiques élaborés par l’Etat du Sénégal en tant que référents de politiques socio-économiques et les documents produits sur l’IA de façon plus spécifiques. L’objectif de cette première étape est d’étudier toute la documentation politique et juridique existante permettant de prendre en charge certains aspects de l’IA dans le contexte national.
Ensuite, le travail empirique sera, quant à lui, essentiellement de type qualitatif, sous forme d’entretiens semi-directifs avec un ensemble d’acteurs dont les missions impactent ou sont impactées par le développement de l’IA (Ministères, Agences, CESE, CDP, OPTIC/Privé et Patronat, syndicats, CNN, CNC etc.). Les entretiens seront essentiellement narratifs et informatifs afin de nous fournir des informations précieuses sur la perception des acteurs, leurs attentes, les processus en cours, etc. La démarche par l’entretien, conjuguée à l’analyse de certains textes rédigés par ces acteurs, permet d’appréhender les cadres cognitifs dominants, c’est‐à‐dire l’ensemble des conceptions et des représentations qu’ils peuvent partager ou qui constituent un blocage au processus.
Un accent spécifique sera mis dans le diagnostic des axes identifiés dans les hypothèses de recherche, à savoir la dimension capital humain, regroupant la formation et la recherche en IA responsable ; les infrastructures technologiques, y compris les capacités de traitement et de stockage des données ; les aspects réglementaires et de régulation, englobant la prise en charge de l’éthique, de l’inclusion et de la sexospécificité ; et enfin, l’analyse des opportunités et des menaces des usages, notamment sur les répercussions socio-économiques et les impacts sur l’emploi.
3.4.2.3 Proposition d’une démarche de mise en place d’une stratégie d’IALa mise en place d’une stratégie nationale d’IA est un chantier complexe qui nécessite la prise en compte d’un ensemble de variables souvent interdépendantes. Bien qu’il n’existe pas de modèle réussi vers lequel tous les pays devraient tendre, nous allons sur la base du diagnostic du système et de l’analyse comparative internationale, identifier les axes prioritaires et les facteurs pouvant favoriser la réussite d’une stratégie dans le contexte sénégalais. Cette étape est majeure pour permettre la cohérence entre les différents éléments constitutifs de la politique nécessaire dans l’élaboration d’une stratégie nationale. Les objectifs, les instruments, les acteurs et les procédures doivent en effet se compléter et ne pas se contredire. Il s’agit là de mettre en évidence la cohérence de ces aspects dans l’espace et dans le temps mais aussi l’adéquation de leur contextualisation et leur impact sur l’engagement et les compétences professionnelles des acteurs locaux. Il s’agit en outre de proposer des plans d’actions permettant de piloter la politique en identifiant les actes de mise en œuvre qui définissent les séquences temporelles, les bénéficiaires de l’action publique prioritaires dans les prestations, les ressources à mettre à la disposition des autorités pour résoudre le problème, etc. Tout au long du processus, des ateliers seront organisés et des notes diffusées pour sensibiliser l’ensemble des acteurs stratégiques en vue de privilégier des contributions de qualité dans la construction de la démarche et l’appropriation par ces acteurs des résultats issus de nos travaux. Une telle approche pourrait s’avérer utile du point de vue des étapes ultérieures au projet de recherche, notamment en ce qui concerne la conception, la mise en œuvre et le suivi de la mise œuvre de la future stratégie nationale d’IA.
RESULTATS DE RECHERCHE
Le projet de recherche produira les principaux résultats suivants :
RESULTATS DE RECHERCHE
- Il est mis en place une équipe de recherche pluridisciplinaire sur l’IA, mobilisant des spécialistes provenant de toutes les disciplines (IA, mathématiques, informatique, droit, science politique, sociologie, économie, etc.), et confrontant leurs approches, méthodes et analyses.
- Du point de vue de la recherche sur l’IA, le gap existant entre le reste du monde et l’Afrique est réduit.
- Des travaux scientifiques, des ouvrages, et des travaux de vulgarisation (policy briefs, etc.) sur l’IA sont publiés et font l’objet d’une large diffusion.
- L’équipe de recherche organise ou prend part à des manifestations scientifiques (colloques, séminaires, ateliers, etc.) autour de l’IA ; elle s’intègre également dans les réseaux scientifiques internationaux, et collabore avec les experts les plus renommés en IA (et particulièrement ceux issus de la diaspora africaine).
- L’IA est analysée dans le contexte sénégalais, de même que ses enjeux majeurs en matière notamment d’emploi, de santé, d’éducation, de sécurité, de démocratie, de justice ou encore d’éthique.
- Des données quantitatives et qualitatives sur l’IA sont collectées et/ou produites, traitées, puis mises à disposition de toute la communauté (décideurs, chercheurs, startuppers, étudiants, chercheurs, entreprises, etc.), ce qui permettra par ailleurs non seulement de développer d’autres recherches, mais aussi de développer des solutions à forte valeur ajoutée.
- Une démarche de recherche ouverte et collaborative est mise en œuvre, ce qui permet en particulier à des personnes ayant de l’expérience dans d’autres domaines que le monde universitaire et scientifique (décideurs publics, chefs d’entreprises, startuppers, etc.) d’y prendre activement part.
- Les liens entre l’IA et le genre sont éclairés, notamment en contexte sénégalais (et plus généralement africain). Plus particulièrement, les effets positifs et négatifs potentiels de l’IA sur les femmes et les hommes sont mieux identifiés et analysés, de même que la mesure dans laquelle l’IA peut transformer progressivement les relations de pouvoir sexospécifiques (dans le sens d’exacerber ou de réduire les inégalités). Est également analysée la capacité des organisations (publiques ou privées) à mieux prendre en compte les questions sexospécifiques liées à l’IA.
- Les résultats des travaux de recherche favorisent l’élaboration d’un cadre éthique pour le développement et le déploiement de l’IA, sont en mesure d’orienter la transition numérique afin que tous puissent bénéficier de cette révolution technologique que constitue l’IA, et permettent d’ouvrir des espaces de dialogue (aux plans national, régional et international) utiles pour un développement inclusif, équitable et écologiquement soutenable de l’IA.
- Le projet de recherche contribue à développer une approche africaine sur l’IA responsable, fondée notamment sur la prise en considération des normes, de l’éthique, et des valeurs africaines dans la création de cadres de gouvernance de l’intelligence artificielle, et capable d’influencer le débat mondial sur les controverses éthiques et sociétales sur l’IA.
- Des recherches sur l’IA, de qualité et contextualisées, sont mises à la disposition des décideurs (politiques, économiques, etc.) et des acteurs socio-économiques.
- Du point de vue de l’IA, les différentes stratégies élaborées ou en cours d’élaboration dans le monde ainsi que les processus qui ont conduit à leur élaboration sont analysées ; des leçons en sont également tirées pour le Sénégal et l’Afrique.
- Les cadres cognitifs dominants auprès des différents acteurs (et en particulier les décideurs publics), c’est à dire l’ensemble des conceptions et des représentations qu’ils partagent, sont identifiés et analysés.
- Les différentes parties prenantes (l'État, les entreprises, la communauté scientifique, etc.) sont aidées à mieux comprendre les enjeux, les défis, les opportunités et les risques liés à l’IA, ce qui aidera particulièrement à aller vers la mise en place d’une stratégie nationale de l’IA.
- Les déterminants qui, dans le contexte sénégalais, favorisent la mise en place réussie d’une politique publique d’IA, en l'occurrence une stratégie nationale d’IA, sont identifiés et analysés.
- Sur la base du diagnostic du système et de l’analyse comparative internationale, les axes prioritaires et les facteurs pouvant favoriser la réussite d’une stratégie dans le contexte sénégalais sont identifiés et analysés.
- Le potentiel du Sénégal par rapport au développement d’une stratégie en matière d’IA est analysé, et cela permettra notamment d’identifier les atouts sur lesquels le Sénégal peut capitaliser pour développer l’IA.
- Il est produit un travail préparatoire facilitant l’élaboration d’une stratégie nationale en matière d’IA et pouvant aider les décideurs à faire les bons choix politiques et à optimiser l’utilisation des ressources publiques.
- Il est fourni aux pouvoirs politiques quelques axes stratégiques à considérer pour que le Sénégal puisse profiter pleinement des avantages de l’intelligence artificielle à hauteur de son potentiel.
- Des plans d’actions (définissant des séquences temporelles, les bénéficiaires de l’action publique prioritaires dans les prestations, les ressources à mobiliser, les décideurs concernés, etc.) sont produits, et facilitent par ailleurs les processus de préparation et/ou d’élaboration d’une stratégie nationale en matière d’IA.
- Le projet de recherche fournit des analyses et des données qui, ultérieurement, permettront de promouvoir une stratégie de l’IA qui promeut une intelligence artificielle égalitaire entre les femmes et les hommes, c’est-à-dire (i) qui conduit à éviter la reproduction des inégalités femmes-hommes par l’intelligence artificielle, (ii) qui fait de l’IA un moteur de l’égalité entre les femmes et les hommes, (iii) qui participe à un plaidoyer (auprès de tous les acteurs et toutes les actrices de l’IA) pour une IA responsable, non sexiste et éthique.
- La collaboration est renforcée entre d’une part le monde académique, et d’autre l’Etat et les autres acteurs socio-économiques (entreprises, industriel, incubateurs, startuppers, innovateurs, etc.), et cela à travers différents mécanismes : (i) organisation d’ateliers et diffusion de notes durant toute la durée du projet à la destination des acteurs impliqués et contributeurs afin de privilégier des contributions de qualité dans la construction de la démarche et l’appropriation par ces acteurs des résultats issus de nos travaux, (ii) organisation d’événements de mise en réseau, qui seront des opportunités importantes pour le partage des connaissances et la collaboration, et qui aideront par conséquent les personnes travaillant dans ce domaine de l’IA à partager leurs compétences, à nouer des liens, à développer des opportunités scientifiques ou commerciales, etc.
- L’UVS est positionnée comme un centre africain de référence en matière de recherche sur l’IA.